Pourquoi le féminisme est-il nécessaire ? C’est une question toute simple, pourtant elle est encore d’actualité à l’heure où j’écris ces lignes. Pour cette première newsletter, j’ai envie de revenir aux bases. D’une part, pour donner le ton et d’autre part, parce que le féminisme est sans cesse remis en question et qu’en 2021, on a encore besoin d’expliquer pourquoi nos luttes et nos combats ne sont pas inutiles.
« Féministe », le mot qui fait peur
Le féminisme est un mot qui en fait encore frémir plus d’un. Gloria Steinem, militante féministe, le dit très bien dans son livre La vérité vous libérera, mais d’abord elle vous mettra en rage :
« Il y a deux raisons pour lesquelles les gens se méfient du mot féministe : la première, c’est qu’ils ne savent pas ce que ça veut dire. La seconde, c’est qu’ils savent ce que ça veut dire ».
Si pour moi, le mot « féminisme » évoque ce qu’il y a de plus positif dans ce monde, pour d’autres, il a une connotation très péjorative. Commençons donc par rappeler la signification du féminisme :
« Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées philosophiques qui partagent un but commun : définir, promouvoir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les hommes et les femmes. »
Source : Wikipédia
Pas si péjoratif que ça finalement, n’est-ce pas ? Le féminisme n’est pas clivant, comme certain·e·s peuvent lui reprocher. Son seul objectif, c’est l’égalité, quelle qu’elle soit. En tant que femme, le féminisme me semble donc tout à fait légitime. Mais il semblerait que ce ne soit pas le cas de tout le monde et le féminisme souffre d’une sale réputation … Et pour cause, l’émancipation des femmes fait très peur pour de nombreuses raisons mais je pense que le principal problème du féminisme, c’est qu’il est subversif. Et casser les codes n’a jamais été une mince affaire. Aussi inconfortable puissent être certaines situations, elles seront toujours plus confortables que le changement. Le changement est effrayant pour l’humain. A cela s’ajoute que les privilégiés ont peur de les partager, leurs privilèges. Ils ont peur d’en être privés, d’être renversés, de ne plus pouvoir en jouir tranquillement. Et ils se battent férocement pour les garder (ça on ne peut pas leur enlever !). Preuve en est qu’aujourd’hui, on se fait insulter sur les réseaux sociaux, dans les médias et même jusque dans la sphère privée, parce qu’on est féministe. Le simple fait de se revendiquer féministe est donc déjà un combat en soi.
Pourquoi a-t-on besoin du féminisme ?
On reproche souvent au féminisme de ne plus être d’actualité. « Les femmes ont déjà tout, elles n’auraient plus à se plaindre » … Et pourtant ! Voici quelques exemples qui nous rappellent pourquoi on a cruellement besoin du féminisme :
35%, c’est le pourcentage de femmes invitées comme expertes dans les médias en 2017.1
Et c’est bien trop peu. Dans son livre Présentes, la journaliste féministe Lauren Bastide nous rappelle que les femmes sont invisibilisées, que ce soit dans les médias, dans la rue, en politique, la société n’a pas été pensée pour les inclure, bien au contraire, elle les exclut. Et il est temps que ça change !
En 2010, les femmes prenaient en charge 64% des tâches domestiques et 71% des tâches parentales au sein des foyers. En 1985, ces taux s'élevaient respectivement à 69% et 80%.2
Vous êtes-vous déjà promené·e·s sur le compte Instagram du collectif « T’as pensé à » ? Il vous faudra à peine 2 minutes pour constater que les inégalités sont légion au sein des ménages hétérosexuels. Pire, elles sont profondément ancrées. On entend de plus en plus parler de la notion de charge mentale, mais elle a encore bien du mal à être comprise … Et je ne parle même pas de la renverser. Pourtant, cette charge mentale engendre des conséquences qui sont loin d’être anodines : stress, anxiété, épuisement proche du burn-out … Elle est, inévitablement, la cause d’un profond mal-être.
Les hommes touchent en moyenne un salaire supérieur de 20,3 % à celui des femmes.3
0, c’est le nombre de femme dirigeant une entreprise du CAC40 en 2020.4
Avec 967 euros bruts par mois en moyenne, la pension de droit direct des femmes est inférieure de 40 % en moyenne à celle des hommes (1 617 euros). 5
Les femmes ne sont pas les égales des hommes en termes de salaire. La conséquence directe, c’est qu’elles sont bien plus sujettes à la précarité et à la pauvreté que ces derniers.
94 000, c’est le nombre moyen de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d’une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol.6
Les violences sont le quotidien de (trop) nombreuses femmes. Aujourd’hui, on peut encore mourir parce qu’on est une femme. Et s’il ne devait y avoir qu’une seule raison à citer pour prouver que le combat féministe est légitime et nécessaire, je pense que celle-ci serait la plus parlante.
Pour toutes ces raisons, et la liste est loin d’être exhaustive, le féminisme est plus que nécessaire. L’égalité est loin d’être atteinte et comme nous prévenait Simone De Beauvoir :
« N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Alors restons vigilantes, et plus que jamais, revendiquons d’être féministes !
Merci de m’avoir lue et je vous donne RDV le 6 avril pour une nouvelle newsletter dans votre boîte mail.
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Un immense merci à ma très chère amie La Renarde Bouclée, qui a relu et validé cette newsletter, ainsi qu’à ma mère, qui relit et corrige tout ce que je publie !
Les statistiques s’inspirent d’un numéro spécial sur le féminisme publié en 2018 dans ADN Magazines (pour lequel je suis rédactrice), elles ont été actualisées pour cette newsletter.
“La représentation des femmes à la télévision et à la radio” - CSA - 2017
“Le temps domestique et parental des hommes et des femmes : quels facteurs d'évolutions en 25 ans ?” - Insee - 2015
“Les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes : état des lieux” (sur la base de données fournies par l’INSEE en 2018) - Observatoire des inégalités - 2019
“CAC 40 : où sont les femmes ?” - Les Echos
“Retraites : les femmes perçoivent une pension inférieure de 26 % à celle des hommes en 2012” - DREES - 2012
“Les chiffres de référence sur les violences faites aux femmes en 2019” - Arrêtons les violences (Gouvernement)
Si seulement tout le monde pouvait comprendre ça...
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