#4 No Bra - Ce que ma poitrine dit de moi
Enfin ! Mon livre sur le No Bra est désormais disponible dans toutes les librairies ...
Après une petite pause estivale, la newsletter revient en fanfare avec une nouvelle de choc : je publie un livre sur le No Bra ! En exclusivité dans ce numéro, je vous dévoile quelques extraits du livre …
No Bra - Ce que ma poitrine dit de moi - Editions Flammarion
Disponible en librairie ou sur internet ici, ici ou encore ici.
No Bra
Pour des questions de confort, de plus en plus de femmes deviennent adeptes du No Bra. Pour moi, s'émanciper de son soutien-gorge est aussi un acte militant. C'est une arme pour dénoncer le sexisme ordinaire, la culture du viol et les injonctions à la beauté, souvent contradictoires, subies par les femmes, mais aussi l'hypersexualisation de la poitrine, trop petite, trop grosse, trop décolletée, trop rembourrée, trop découverte, trop cachée, etc. Et si pratiquer le No Bra permettait de se libérer du contrôle exercé sur le corps des femmes ? De défier ses complexes et de se réapproprier son corps en combattant l'idée reçue que des seins parfaits, ronds et rebondis existent ? Et si c'était bien plus que le simple fait de ne pas porter de soutien-gorge ?
Ce que ma poitrine dit de moi
“Il paraît qu'elle en dit long sur moi, ma poitrine. Il paraît que mes tétons me trahissent. Il paraît qu'il vaut mieux en avoir une petite, pour ne pas avoir mal au dos. Il paraît qu'il vaut mieux en avoir une grosse, pour plaire aux garçons. Il paraît qu'on s'en fiche, qu'elle plaise ou non aux femmes. Il paraît qu'elle doit être grosse, mais pas trop, sinon c'est vulgaire. Il paraît que les cols roulés, c'est pour les coincées. Il paraît que les décolletés, c'est pour les dévergondées. Il paraît qu'il faut la montrer, mais il paraît que le téton est prohibé. Non, non, surtout ne pas voir les tétons. Jamais. Il paraît qu'elle ne doit pas être trop petite, il paraît que ce n'est pas intéressant. Il paraît que si je mets des soutiens-gorge rembourrés, je suis une tricheuse. Il paraît que c'est la honte. Il paraît que si elle est refaite, je suis superficielle. Il paraît que ce n'est pas si agréable à toucher. Il paraît que si on devine mes tétons sous mon T-shirt, je suis une allumeuse. Il paraît que je dois faire attention quand j'allaite mon enfant en public, il paraît que ça en importune certain·e·s. Il paraît que si on m'insulte, c'est ma faute parce qu'on la voyait trop. Il paraît que si je ne la montre pas assez, je suis coincée. Il paraît que si je ne mets pas de soutif, je suis négligée…”
[…]
“Les injonctions auxquelles les femmes sont soumises à travers leurs seins sont extrêmement nombreuses. D'un côté, la diversité en matière de poitrine et de beauté n'est pas à l'ordre du jour ; de l'autre, on bat tous les records en ce qui concerne les diktats. Si l'on cherchait à répondre à toutes ces injonctions, on se retrouverait confrontées à leurs contradictions et à tous leurs paradoxes, et il serait d'ailleurs impossible d'y répondre favorablement… Tout du moins sans perdre la tête ! La beauté au sens large est source d'aliénation, comme nous le rappelle Mona Chollet dans Beauté fatale, et la poitrine ne fait, évidemment, pas exception. Lorsque j'ai lu Beauté fatale pour la première fois, ce fut une véritable claque. Je ne réalisais pas à quel point les injonctions qu'on subissait en tant que femmes étaient fortes, et aussi nombreuses. Tout cela me paraissait normal en fin de compte. Difficile certes, mais normal. Mais surtout, j'ai pris conscience de leur incroyable contradiction. Tout n'est que non-sens. Quoi qu'on fasse, on est perdantes, on est coupables et, surtout, ce ne sera jamais assez. Et c'est bien le cas pour la poitrine : quoi que vous fassiez, que vous portiez ou non un soutien-gorge, quelqu'un trouvera toujours quelque chose à redire.”
[…]
Mode, mannequinat et poitrine
“Dans la mode, les injonctions, les stéréotypes ou les désirs des couturiers peuvent provoquer des tendances complètement opposées. Dans l'ouvrage Jamais assez maigre de l'ancienne mannequin Victoire Maçon Dauxerre, j'ai été marquée par un échange en particulier… Alors qu'elle s'entretient avec son agente, cette dernière lui confie que le couturier Karl Lagerfeld « n'aime pas les seins », que le 85A de Victoire Maçon Dauxerre est encore « trop pour lui ». Son « top fétiche du moment, c'est Freja Beha, elle est ultraplate ». Comment un couturier qui travaille avec des femmes, peut-il vouloir à ce point gommer une partie de leur anatomie? Pourquoi cette volonté de les effacer ?
C'est le contraire aux États-Unis. En effet, les mannequins de la célèbre marque Victoria's Secret, les « Anges », affichent des poitrines extrêmement généreuses. Une retoucheuse photo qui travaillait pour la marque a révélé les pratiques douteuses de Victoria's Secret. Les mannequins sont retouchées en studio, à coups de rembourrage qui remodèle leur poitrine. Même sous les maillots de bain (dont des maillots de bain bandeau), les tops portent des soutiens-gorge rembourrés, rembourrages qui sont ensuite gommés en retouche photo. Retouche photo lors de laquelle les seins seront gonflés, remontés, lissés, arrondis, pour les faire correspondre aux stéréotypes actuels mais aussi et surtout pour les rendre toujours plus irréels. Et, pourquoi pas, nous donner envie d'acheter ces fameux soutiens-gorge qui nous donneront la poitrine qu'il faut à tout prix avoir ?
La mode n'est pas tendre avec la poitrine et le corps des femmes. Lorsqu'elle ne cherche pas à gommer et effacer ses attributs, elle le façonne à son image, peu importe ce qu'il en coûte et ce que cela peut porter comme préjudice aux femmes. Par ailleurs, c'est en 1975 que la critique de cinéma Laura Mulvey a théorisé le fameux male gaze ou « regard masculin », dans son essai Plaisir visuel et cinéma narratif. Le male gaze est le concept selon lequel « la culture visuelle dominante impose à la société d'employer un regard et une perspective d'homme hétérosexuel ». Ainsi, le male gaze est partout : dans les magazines – même et principalement ceux à destination d'un public féminin –, dans les publicités, au cinéma, dans l'art…Absolument partout. Finalement, on peut constater – par exemple lorsqu'on demande aux hommes ce qu'ils attendent des sous-vêtements des femmes – que ce ne sont pas seulement les femmes qui contrôlent leur corps et leur mode de vie mais aussi le regard porté sur ces dernières par la société et les hommes.”
J’espère que ces extraits vous auront donné envie de poursuivre la réflexion avec moi et d’acheter le livre !
No Bra - Ce que ma poitrine dit de moi - Editions Flammarion
Disponible en en librairie ou sur internet ici, ici ou encore ici.
Si vous souhaitez en savoir + sur la rédaction du livre et connaître l’envers du décor, je vous invite à lire l’article que j’y ai consacré sur mon blog.